C’est la première fois que le CNEF s’implique à ce niveau-là au Conseil des droits de l’homme. Mais l’enjeu est de taille. « Les questions de liberté religieuse et d’expression agitent au quotidien la société française et fait régulièrement la une de médias, souligne Nancy Lefevre. Or nous constatons qu’il y a une crispation autour de ces thèmes. Le principe de laïcité tend en fait à être instrumentalisé contre toute manifestation religieuse. Nous voulons au contraire que l’Etat inclue la protection des croyants contre la haine antireligieuse dans ses différents plans de lutte. Comme elle le fait à propos du racisme ou en ce qui concerne la discrimination anti LGBT. Et cela ne concerne pas que les chrétiens, mais toute personne ayant des convictions religieuses. »
Clauses de conscience
Invitée par la représentation de l’Alliance évangélique mondiale à Genève, la juriste a rencontré jeudi 14 et vendredi 15 décembre différentes missions diplomatiques qui seront appelées à se prononcer à l’EPU du 15 janvier prochain (1). Elle espère avoir aussi été entendue en ce qui concerne la liberté de conscience : « Car il n’y a aujourd’hui pas de clause de conscience en France pour les maires s’ils ne veulent pas célébrer des mariages pour couples de même sexe. Dans le domaine de la santé, nous souhaitons également que tous les soignants bénéficient d’une clause de conscience s’ils ne souhaitent pas pratiquer d’actes contraires à leurs convictions, tels que l’IVG, ou demain peut-être, la procréation médicalement assistée pour les couples lesbiens. »
Liberté d’expression dans le collimateur
Autre recommandation du CNEF : que les citoyens français jouissent de plus de sécurité juridique en ce qui concerne la liberté d’expression. « Parmi nos membres, beaucoup se posent la question de ce qu’ils osent dire ou non. Car les milieux homosexuels ont déjà agi en justice contre des personnes ayant manifesté une opinion chrétienne sur l’homosexualité. Or la liberté d’expression doit être valable pour tous, lance Nancy Lefevre. Le vrai pluralisme devrait permettre à chacun d’exprimer ses convictions. » Christine Boutin, ancienne présidente du Parti chrétien-démocrate, avait défrayé l’actualité française en citant les versets du Lévitique qui parlent de l’homosexualité comme d’une abomination. Condamnée au pénal, son cas sera prochainement jugé par la Cour de cassation.
Gabrielle Desarzens
(1) La procédure onusienne de l’EPU intervient pour tous les pays chaque quatre ans. Elle n’est pas contraignante, mais l’Etat doit ensuite prendre position sur les recommandations qui lui ont été faites, relève Michaël Mutzner, délégué à l’ONU de l’Alliance évangélique mondiale.