Avant l’aube lundi, une tentative d’attentat contre une église à Rafah, dans le nord-est du pays, a été déjouée par l’armée égyptienne. La ville se trouve à la frontière avec la bande de Gaza. Les chrétiens coptes ont ainsi célébré le Noël orthodoxe dans un climat d’inquiétude et de peur, face à un islam politique qui s’affirme toujours plus.
Calqués sur le calendrier julien, le Noël des chrétiens orthodoxes intervient chaque année le 7 janvier. Depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011, les coptes sont la cible de plus en plus d’intimidations et de menaces ouvertes.
Des chrétiens menacés
Un responsable salafiste a par exemple fait savoir dans les colonnes du journal indépendant al-Watan qu’il fallait aller à la rencontre des chrétiens devant leurs églises pour les encourager à se convertir à l’islam et réclamer que les chrétiennes portent le foulard islamique.
Une fatwa, soit un avis juridique donné par un spécialiste de loi islamique, avait ces derniers jours été diffusée sur internet demandant à la population égyptienne de ne pas adresser de vœux aux coptes à l’occasion de leurs fêtes. Cette fatwa a été propagée par une association proche des fondamentalistes salafistes, dont fait partie le numéro deux de la confrérie des Frères musulmans Khairat al-Chater.
Lundi en fin de journée, la rédaction de lafree.ch a reçu par courriel le témoignage de Jean* : « Depuis le mois de novembre dernier, nous passons par un temps difficile (...) Aujourd'hui nous vous adressons ces quelques lignes parce que notre situation est devenue grave et dangereuse. (...) Depuis la révolution de janvier 2011, la sécurité s'est dégradée et aujourd'hui, il n' y a plus de police. C'est le chaos, chacun vit pour soi-même, les gens sont devenus pauvres et les malfaiteurs se multiplient à une allure alarmante. (...) Ce matin 5 janvier 2013, des personnes nous ont appelés en nous demandant de leur remettre la rançon qu'ils ont demandée ou alors ils vont nous tuer (...). »
Les coptes, de plus en plus marginalisés ?
A l’image de Jean, les coptes sont consternés par la multiplication de déclarations hostiles et beaucoup d’entre eux parlent aujourd’hui ouvertement d’exil. Ils ne sont pas non plus rassurés par les propos du président Mohamed Morsi qui, dès son élection en juin dernier, a promis à plusieurs reprises de garantir les droits et l’égalité de tous les citoyens, sans distinction de religion. Déjà très peu représentés dans les instances gouvernementales et la haute fonction publique en Egypte, les coptes redoutent de se voir toujours plus marginalisés. Et ont tout simplement peur pour leur vie.
Gabrielle Desarzens
*Prénom d’emprunt
Jean, notre correspondant égyptien, invite les chrétiens suisses et européens à prier pour les 15 millions de coptes d’Egypte (ndr).