C. S. Lewis, un érudit imaginatif à la portée des enfants comme des adultes

vendredi 27 juin 2008
Dans le monde anglophone, l'écrivain C. S. Lewis (1898-1963) est un monument. La sortie du premier volet des ses chroniques sur grand écran le 21 décembre permettra au public romand de combler une lacune. « Le lion, la sorcière blanche et l’armoire magique », produit par Walt Disney, reprend le livre connu en français sous le titre « L’armoire magique ». Ce film donne un aperçu de l’imagination d’un homme qui a enchanté petits et grands depuis plus d’un demi-siècle. Présentation de cet écrivain profondément chrétien par un inconditionnel : Peter Clarke.

C. S. Lewis a peut-être été l'auteur chrétien le plus lu et le plus étudié du XXe siècle. Né à Belfast, le 29 novembre 1898, il est mort à Oxford quarante livres plus tard à l'âge de 65 ans.

Surpris par la joie
Il termine brillamment ses études de latin, grec, anglais et philosophie à l'Université d'Oxford où il est chargé de cours dès 1925 et jusqu'en 1954, date à laquelle il devient professeur de littérature du Moyen Age et de la Renaissance à Cambridge.
Malgré une éducation chrétienne, Lewis fut athée pendant de nombreuses années. En 1916, il écrit à un ami: «Toutes les religions ou mythologies - pour leur donner leur vrai nom - ne sont que pures inventions humaines...» La marche de son imagination et de son intelligence vers une réacceptation de la foi de son enfance prit de nombreuses années. Deux auteurs l'ont marqué tout particulièrement. Après avoir lu l'oeuvre de fiction romantique «Phantastes» de l'Ecossais George MacDonald, Lewis dit que celle-ci a «baptisé» son imagination, le préparant ainsi à concevoir un monde au-delà de celui de son matérialisme athée. Le livre de G. K. Chesterton, «L'homme éternel», lui présente ensuite une image globale et compréhensible du christianisme et de sa place dans l’histoire.
Dans son livre «Surpris par la joie», Lewis décrit sa conversion: «Ce que j'avais tant redouté a fini par m'arriver. Au cours de l'été 1929, je cédai et admis que Dieu était Dieu. Je me jetai à genoux et me mis à prier - j'étais sans doute cette nuit-là le converti le plus démoralisé et récalcitrant de toute l'Angleterre.» Lewis devint membre de l'Eglise anglicane.

Un écrivain pour enfants, adultes et universitaires
C. S. Lewis fut un écrivain aux multiples talents, à même de s'exprimer dans toutes sortes de genres littéraires. Son oeuvre comporte au moins quatre genres totalement différents: une douzaine de monographies érudites sur la littérature médiévale; des oeuvres de fiction chrétienne, y compris les sept Chroniques de Narnia (voir l'encadré) et une trilogie de science-fiction; les deux volumes autobiographiques: «Surpris par la joie», qui raconte le pèlerinage spirituel et intellectuel qui l’a mené à la conversion et «A Grief Observed» qui exprime sa douleur et son désarroi face à la mort de son épouse; enfin les livres d'apologétique chrétienne, dont « Tactique du diable» et «Les fondements du christianisme ».
Ces derniers livres se sont montrés des outils d'évangélisation sans pareil, Citons l’exemple de l'avocat américain Char1es Colson, conseiller spécial du président Nixon et condamné à une peine de prison pour son rôle dans l'affaire du Watergate. Dans son livre «Watergate» 1, Colson décrit ses impressions lorsqu'un ami lui a prêté une copie des «Fondements du christianisme». Convaincu que ce livre se situerait purement au niveau intuitif et émotionnel, Colson est surpris de côtoyer le contraire. Il écrit : « Je me suis trouvé face-à-face avec un intellect si discipliné, si lucide et si implacablement logique que je ne pouvais qu'être reconnaissant de ne pas avoir eu à l'affronter dans une cour de justice. Bientôt j'avais couvert deux pages de papier avec des «pour» à ma question : « Est -ce qu il y a un Dieu? » Pour Colson, comme pour des milliers d'autres, l'oeuvre de C. S. Lewis a constitué un maillon dans la chaîne qui les a amenés à cette conversion totale: la nouvelle naissance.

Une personnalité profondément touchée par la grâce
Intellectuel rigoureux, C. S. Lewis était imaginatif et inspiré aussi, mais ces qualités n'auraient pas suffi. W. Hooper le considère comme «l'homme le plus totalement converti qu'il a jamais rencontré ». Cette transformation, qui commença avec le «baptême» de son imagination en lisant «Phantastes», ne s'est pas arrêtée là. Lewis ne vivait pas un divorce entre le côté émotif et imaginatif de sa personnalité et le côté logique. Jésus-Christ est devenu Seigneur de son humanité entière. Face à la richesse de l'oeuvre de C. S. Lewis, le message le plus urgent à retenir est celui-là: Dieu ne veut pas une partie de chaque homme, que ce soit les émotions, l'imagination, la rigueur intellectuelle, ou une autre partie encore. Dieu nous veut entier, totalement. Chaque composante de notre personnalité a besoin d'être convertie.

Peter Clarke
(Peter Clarke enseigne la neuroscience et l’anatomie à la Faculté de médecine de l’Université de Lausanne. Originaire d’Angleterre, il est père de deux filles. Il est membre de l’Eglise évangélique de Villard à Lausanne, AESR)

Note
1 C. W. Colson, Watergate, Genève, La Maison de la Bible, 1997.

Cet article est paru dans le journal Vivre en décembre 1998.

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