30 avril à Lausanne : une journée autour de l’agroécologie et de la permaculture

Serge Carrel samedi 21 avril 2018 icon-comments 1

La transition écologique est un thème qui intéresse certains évangéliques de Suisse romande. L’ingénieur agronome Roger Zürcher est du nombre. Actif professionnellement dans les ONG FH Suisse et DM-Echange et mission, il promeut un rapport à la terre et à l’agriculture respectueux tant de la nature que de Dieu. Le lundi 30 avril, il rassemble, avec d’autres, différents acteurs de cette autre façon de se nourrir et de produire dans les locaux de Mercy Ships à Rovéréaz, sur les hauts de Lausanne. Il souhaite permettre des échanges et l’acquisition de perspectives nouvelles sur notre manière de comprendre la réconciliation opérée par Jésus-Christ avec Dieu, avec soi, avec son prochain et avec la nature.

Roger Zürcher, vous êtes ingénieur agronome. Pourquoi organisez-vous une telle journée ?

Dans notre société occidentale, on fait face actuellement à plusieurs défis nouveaux. Certains disent même que nous sommes dans une phase de transformation qui équivaut à celle du néolithique et à l’invention de l’agriculture. Il y a des gens qui tentent de trouver une alternative à la façon dont on se nourrit. Plusieurs scientifiques montrent comment nos sociétés vont s’effondrer si on ne change rien. Les adaptations techniques d’amélioration de la production et de réduction de la pollution sont insuffisantes par rapport à l’ampleur des défis. Nous avons besoin de précurseurs, de personnes qui s’engagent pour un changement radical.

Donc vous avez des ambitions importantes pour cette journée…

On s’intéresse à des projets pilotes en agroécologie et dans la manière de cultiver son jardin, tout en sachant que ces projets sont susceptibles de provoquer un basculement. Ce que l’on constate, c’est que des mouvements liés à la transition écologique ou à l’économie solidaire sont assez peu investis par les idées chrétiennes. Dans le milieu évangélique, on vise d’abord la réconciliation avec Dieu, soi et les autres, mais on entend très peu parler de la réconciliation avec la création.

Pour vous, c’est donc l’occasion de valoriser une réconciliation non seulement avec Dieu, mais aussi avec la terre ?

Je trouve important de travailler ensemble avec les différents mouvements de transition écologique qui parlent de réconciliation avec la terre. Mais il ne s’agit pas que de la terre, il ne faut pas oublier la dimension spirituelle. Quelqu’un comme Pierre Rabhi, l’auteur de Vers la sobriété heureuse, le montre bien. Je trouve qu’il faut redécouvrir la richesse de ce qu’enseigne Jésus et les Pères de l’Eglise en ce qui concerne la nature. Quand Jésus dit : « Heureux les non-violents, car ils hériteront la terre » (Matthieu 5.5), pour moi c’est une phrase qui concerne toutes les relations, y compris la façon de cultiver. Les évangéliques ont souvent une vision de l’évangélisation et de la réconciliation avec Dieu très désincarnée. On s’arrête à la réconciliation qui nous concerne nous et peut-être autrui, sans avoir à l’esprit qu’il y a aussi une réconciliation avec la création ou avec la terre. A mon sens, il est temps pour les chrétiens de réfléchir à cela. Certains se sont déjà mis en route et on peut faire appel à leur expérience pour élargir ce qui a démarré à petite échelle.

Quelles sont les organisations qui soutiennent cette journée ?

Il y a Food for The Hungry Suisse (FH), l’ONG pour laquelle je travaille à mi-temps, parce que nous encourageons l’agroécologie et la permaculture dans les pays du Sud où nous sommes impliqués. Il y a aussi l’association Permavie qui promeut en Suisse tant le développement durable que le développement personnel. Plusieurs personnes viendront témoigner de leur expérience : Béat Waber, pionnier du bio en Suisse romande, Eliphaz Essah, qui travaille dans un programme contre la malnutrition dans plusieurs pays d’Afrique, Sylvie Perrin-Amstutz, formatrice en permaculture, et le pasteur Norbert Valley, pionnier dans les milieux évangéliques de l’assistance aux personnes dépendantes et praticien de la permaculture…

Qu’est-ce que les chrétiens peuvent apporter dans le processus de transition écologique que vous appelez de vos vœux ?

La démarche holistique chrétienne, basée sur la relation au Père, vise un nouveau rapport à la terre, mais non une divinisation de celle-ci. Elle vise la co-création avec Dieu de beauté, d’abondance et de partage, en harmonie avec la création.

C’est une approche différente de celle qui a longtemps prévalu, considérant que cette terre est vouée à la destruction selon une certaine lecture de 2 Pierre 3.1-13. A mon avis, il s’agit d’une mauvaise interprétation de la Bible. Comme l’a relevé Dave Bookless dans son livre Dieu, l’écologie et moi (1), la terre va connaître une purification et c’est sur cette planète que l’on va vivre et pas sur une autre. Cette planète doit donc être préservée. Ce qui va être purifié, ce sont des choses qui ne sont pas destinées à durer, mais pas un arbre que j’aurais planté.

Comment vous impliquez-vous dans cette dynamique de transition écologique ?

A titre personnel, je suis plutôt un amoureux des abeilles et je fais cela avec mes ruches. Actuellement, on est obligé d’utiliser des acides pour faire tomber les acariens qui sont sur les abeilles. C’est très interventionniste, mais pour l’instant nous n’avons pas d’alternative pour élever les abeilles domestiques sans ces produits. Nous devons retrouver un équilibre avec la nature, et non voir la production agricole ou l’élevage comme une guerre contre les ravageurs, les mauvaises herbes, les ennemis des cultures, etc. La bonne nouvelle, c’est que c’est possible. Dans de nombreux domaines, on n’a plus besoin de produits chimiques de synthèse toxiques, mais le chemin est encore long pour que la production industrielle, destructrice de l’environnement et de la santé, soit abandonnée.

En permaculture, on propose de ne prendre pour soi qu’un tiers de la récolte. Le deuxième tiers devrait être redistribué et le dernier laissé aux autres êtres vivants… Cela suppose un savoir-faire, une production abondante. En faisant cela, il devrait être possible de vivre sans traiter le dernier parasite dans une extrémité du champ, parce que l’on veut le cent pour cent de la récolte pour soi. Aujourd’hui, avec la production intégrée, même les « non-bios » ne traitent plus à tout va. Il y a un changement de paradigme qui est train de se produire.

Propos recueillis par Serge Carrel

« Se nourrir et se réconcilier avec la terre », lundi 30 avril 2018 de 8h30 à 17h. Lieu : Rovéréaz (Mercy Ships), ch. de la Fauvette 98, Lausanne. Organisation : FH Suisse, StopPauvreté, Mercy Ships, Permavie et Potager à croquer. Prix : 40.-. Inscription : rzurcher (at) fhsuisse.org.

Télécharger le flyer de la journée.

Télécharger la présentation de la journée.

Note
1 Dave Bookless, Dieu, l’écologie et moi, trad. Anne Emmett, Dossier Vivre 37, Saint-Prex, Je Sème, 2014, p. 95-112. A commander ici.

1 réaction

  • bertina gonzalo jeudi, 03 mai 2018 01:02

    Vous êtes des employés, des agriculteurs, des petites entreprises, des artisans ou des particuliers de toutes sortes, et vous avez besoin d'un prêt pour consolider vos dettes ou aider vos entreprises à se remettre sur les rails ou à relancer la plupart de vos préoccupations.
    Nous sommes à votre disposition pour vous aider avec toutes vos difficultés financières. Nous aidons les gens dans le besoin de mettre en œuvre leurs plans et être en mesure de rembourser leurs dettes et commencer par une bonne base, peu importe combien. Veuillez nous contacter pour plus d'informations. Adresse e-mail: servicepeakgroup@hotmail.com

Publicité

Twitter - Actu évangélique

Journal Vivre

Opinion

Opinion

TheoTV (mercredi 20h)

20 janvier

  • «La terre, mon amie» avec Roger Zürcher (Ciel! Mon info)
  • «Repenser la politique» avec Nicolas Suter (One’Talk)

27 janvier

  • «La méditation contemplative» avec Jane Maire
  • «Vivre en solobataire» avec Sylvette Huguenin (One’Talk)

TheoTV en direct

myfreelife.ch

  • « J’ai été un bébé volé du Sri Lanka »

    Ven 03 novembre 2023

    Il y a quelques années, un trafic d’enfants proposés à l’adoption à des couples suisses secouait l’actualité. Sélina Imhoff, 38 ans, pasteure dans l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin, en a été victime. Elle témoigne avoir appris à accepter et à avancer, avec ses fissures, par la foi. Et se sentir proche du Christ né, comme elle, dans des conditions indignes. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

  • Des choix porteurs de vie

    Ven 22 septembre 2023

    Abandonner la voiture et emménager dans une coopérative d’habitation ?... Deux couples de l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin ont fait ces choix qu’ils estiment porteurs de vie. « Le rythme plus lent du vélo a vraiment du sens pour moi », témoigne Thiéry Terraz, qui travaille pour l’antenne genevoise de Jeunesse en mission. « Je trouve dans le partage avec mes voisins ce que je veux vivre dans ma foi », lui fait écho Lorraine Félix, enseignante. Rencontres croisées. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

  • Vivian, une flamme d’espoir à Arusha

    Jeu 15 juin 2023

    Vivian symbolise l’espoir pour tous ceux que la vie malmène. Aujourd’hui, cette trentenaire tanzanienne collabore comme assistante de direction au siège de Compassion à Arusha, en Tanzanie. Mais son parcours de vie avait bien mal débuté… Nous avons rencontré Vivian au bureau suisse de l’ONG à Yverdon, lors de sa visite en mars dernier. Témoignage.

  • Une expérience tchadienne « qui ouvre les yeux »

    Ven 20 janvier 2023

    Elle a 19 ans, étudie la psychologie à l’Université de Lausanne, et vient de faire un mois de bénévolat auprès de jeunes de la rue à N’Djaména. Tamara Furter, de l’Eglise évangélique La Chapelle (FREE) au Brassus, a découvert que l’on peut être fort et joyeux dans la précarité.

eglisesfree.ch

  • Un·e responsable des finances (10%)

    Lun 29 janvier 2024

    Plus grande fédération d’Eglises évangéliques en Suisse romande, la FREE offre un cadre de travail dynamique et défiant, en lien étroit avec les autres acteurs du milieu chrétien évangélique romand, suisse et international. Dans ce cadre, la FREE recherche un·e responsable des finances.

  • Rencontre générale : une fédération utile

    Mer 29 novembre 2023

    La Rencontre générale du 25 novembre 2023 a permis de remercier Stéphane Bossel pour 23 ans d’engagements divers et importants dans la FREE. Elle a aussi permis à l’équipe de direction de partager quelques priorités, notamment le sens, les valeurs et la plus-value que la FREE peut offrir aux Eglises.

  • Rencontre générale de la FREE : l’équipe de direction souffle sa première bougie

    Sam 08 avril 2023

    La Rencontre générale de la FREE, qui a eu lieu le 1er avril 2023 à Aigle, a permis à la nouvelle équipe de direction de dresser un bilan, après tout juste une année de fonctionnement. Et ce qui saute aux yeux, c’est le grand nombre des défis à relever.

  • FREE : une première « Journée stratégique »

    Ven 03 février 2023

    Les personnes qui exercent un rôle dans la FREE se sont réunies en janvier pour réfléchir à la mise en œuvre de la nouvelle « gouvernance à autorité distribuée » (1). Retour sur une « Journée stratégique » conviviale et studieuse.

eglise-numerique.org

point-theo.com

Suivez-nous sur les réseaux sociaux !