Rebecca Pippert : « Disons que Jésus est un gars bien et que l'Evangile montre des choses enthousiasmantes ! »

mercredi 21 mai 2014

Lors de conférences données en janvier en Suisse romande, Rebecca Pippert a laissé plusieurs conseils pratiques en matière d'évangélisation. Parmi ceux-ci, le fait que les chrétiens doivent s'exercer au témoignage.

« Le cœur de l'évangélisation est de partager le message glorieux de la Bonne Nouvelle. Alors pourquoi avons-nous des craintes ? » Cette interrogation, lancée en janvier dernier par Rebecca Pippert lors de conférences à l'Institut Emmaüs à Saint-Légier, rappelle que le témoignage chrétien n'est pas simple et naturel. Par crainte d'aller à la rencontre de l'autre, peur d'être rejeté ou manque de foi, nombre de croyants préfèrent laisser à d'autres le soin de témoigner de leur foi.
Lors de ces conférences, Rebecca Pippert a manié l'encouragement, l'exhortation et de bonnes explications théologiques. Mais elle a également donné des conseils pratiques utiles. Et parmi eux, celui de s'exercer régulièrement à communiquer sa foi, comme on s'exerce au vélo ou au piano.
Voici donc, en cinq points, quelques conseils pratiques permettant de se préparer à rendre compte de sa foi.

1. Soyons des témoins du Christ... incarnés !
Le Christ est notre modèle d'incarnation. Les religieux qui l'ont côtoyé ne l'aimaient pas, alors que les prostituées l'aimaient. Il était reproché à Jésus de ne pas être assez religieux. En effet, celui-ci cultivait les relations, non la religion. Cela nous oblige à revoir notre lecture de l'Evangile, notre compréhension de ce qui est spirituel et de ce qui ne l'est pas.
Notre vision du Royaume de Dieu influence énormément notre manière de concevoir l'évangélisation. Il est important qu'à l'image de Jésus nous soyons passionnés de relations, plutôt que de pratiques religieuses. Souvent nous montrons à un non-chrétien qu'il doit commencer par avoir un bon comportement, puis qu'il doit croire, et enfin qu'il fera partie des nôtres. Mais Jésus montre que c'est le contraire qui est vrai : d'abord la rencontre, ensuite la foi, enfin une vie transformée. Si nous voulons être des témoins du Christ, nous devons donc chercher le contact, les activités et les amitiés avec des non-chrétiens.

2. Ayons un discours utile !
Développons une manière de présenter l'Evangile qui interpelle nos contemporains. Il ne sert à rien de leur parler dans un langage qu'ils ne sont pas capables de comprendre.
Ainsi, dans notre société post-moderne qui ne croit plus à l'existence d'une vérité, il est inutile d'affirmer que nous apportons celle-ci : personne ne nous prendra au sérieux. Par contre, nous pouvons inviter nos contemporains à expérimenter Dieu. « Disons que Jésus est un gars bien et que l'Evangile montre des choses enthousiasmantes », souligne Rebecca Pippert.

3. Orientons la conversation sur les questions spirituelles !
Orienter une conversation vers des questions spirituelles n'est pas aussi insurmontable qu'il y paraît. Jésus savait stimuler la curiosité des personnes qu'il rencontrait. Par exemple, il a intrigué la Samaritaine avec une eau très spéciale...
Lors de discussions banales, il est parfois possible de susciter le même genre de curiosité pour des questions spirituelles :

  • A une personne qui fait part de ses problèmes, il est possible de demander : « Seriez-vous d'accord que je prie pour vous ? »
  • A une personne qui parle de jalousie, il est possible de répondre en évoquant celle de Saül qui persécutait David.
  • Les questions de colère et de pardon trouvent de nombreux échos dans les Psaumes.
  • Il est possible de jouer avec les a priori et les stéréotypes à l'égard des chrétiens : ils ne sont pas très intelligents, les Eglises sont ennuyeuses, etc.

Il est souvent compliqué et gênant d'aborder abruptement les questions de foi au cours d'une conversation. Mais les choses sont plus faciles lorsque le sujet est amené en douceur, grâce à des questions plutôt que par des affirmations.
Ainsi, il est possible de passer de questions d'intérêt général : « Où habitez-vous ? », « Quel est votre métier ? » à des questions liées aux intérêts spécifiques de la personne : « Qu'est-ce qui vous motive dans cette activité ? »
Puis viennent des questions plus personnelles, y compris à propos de la foi : « Vous qui êtes médecin, comment appréhendez-vous la mort d'un patient ? », « Vous qui êtes passionné de jardinage, voyez-vous un Créateur derrière cette vie ? »
Il est difficile de bien improviser lors de telles conversations. Voilà pourquoi s'exercer mentalement, chercher à l'avance des exemples bibliques et des arguments est un exercice indispensable.

4. Exerçons-nous au témoignage !
Aider des personnes à s'intéresser au Christ ne s'improvise pas lors d'un « effort d'évangélisation » organisé par notre Eglise. Cela commence bien en amont par une préparation personnelle. Nous nous exerçons à expliquer l'Evangile de manière simple et directe. Rebecca Pippert insiste : « Plus nous nous exerçons, seul ou devant d'autres chrétiens, plus cela devient facile. »
Nous nous exerçons d'abord à expliquer les fondements de l'Evangile :

  1. Dieu est le Créateur. Il nous a créés.
  2. Le péché, la corruption totale et ses conséquences. Nous avons été créés pour être dépendants de Dieu, comme les voitures ont été construites pour dépendre du carburant. Le péché est notre volonté d'indépendance par rapport à Dieu.
  3. La réconciliation. Dieu apporte une solution à chacun : la réconciliation avec lui par l'œuvre du Christ à la croix.
  4. La réponse. Nous sommes appelés à la foi, à la confession de notre foi, à l'accueil du Saint-Esprit et au développement d'une vie de disciple.

Savoir dire l'Evangile est une chose, savoir dire notre histoire avec Dieu en est une autre... également importante ! Exerçons-nous à témoigner de notre cheminement avec Dieu. « Chaque histoire est bonne », rappelle Rebecca Pippert. Il n'existe pas de témoignages de vie avec Dieu qui seraient empreints de trop de banalité pour être partagés.

5. Créons des rencontres pour « chercheurs » !
Les « chercheurs » sont des personnes intéressées par Dieu, Jésus-Christ, la Bible, la foi... mais qui ne désirent pas se rattacher à une Eglise. Les rencontres qui leur sont destinées ne sont donc ni l'Eglise, ni l'étude biblique, mais des lieux accueillants, destinés à des gens libres. Le but de telles rencontres est de permettre à ces personnes de découvrir la Bible et de se forger librement une opinion à propos de Dieu1.
Claude-Alain Baehler

1Les personnes qui désirent organiser de telles rencontres trouveront des conseils utiles ainsi que sept rencontres « clé en main » dans deux brochures de Rebecca Pippert qui viennent de sortir en français aux éditions Emmaüs. Il s'agit de :
- Rebecca Pippert, L'évangélisation autrement, Saint-Légier, Emmaüs, GBU, 2014, 96 p.
- Rebecca Pippert, Rencontrer Jésus, 7 rencontres autour de la Bible pour des personnes en recherche, Saint-Légier, Emmaüs, GBU, 2014, 72 p.
Voir aussi l'article consacré à ces rencontres sur lafree.ch : « Becky Pippert : 'Lancez des groupes d'études bibliques pour personnes en recherche !' »

  • Encadré 1:

    Bio express
    Dans les milieux évangéliques, Rebecca Pippert est internationalement reconnue comme « la » spécialiste de l'évangélisation. Cette Américaine a fondé l'association Salt Shaker Ministry (Ministère de la salière), un ministère centré sur la formation à l'évangélisation. Elle est également membre du Conseil international du Comité de Lausanne, du Conseil international des Groupes bibliques des écoles et universités (GBEU) et du Conseil pour l'évangélisation au Billy Graham Center du Wheaton College, près de Chicago.
    C.-A. B.

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