La traduction française d'un texte qui précise les relations entre l’Eglise réformée Berne-Jura-Soleure et quelques communautés évangéliques, membres de cette Eglise, vient de paraître. Intitulé « Eglise nationale réformée évangélique du canton de Berne et communautés évangéliques : vers un témoignage commun » (1), il a été signé en 2013 par l’Eglise réformée bernoise, ainsi que par cinq œuvres et Eglises évangéliques.
Le texte s'inspire d'un document élaboré par les Eglises réformées et évangéliques de Suisse romande en 1998 déjà : la « Déclaration commune des conseils de la FEPS et de la Fédération romande d’Eglises et œuvres évangéliques (FREOE) » (2). Dépourvu de prétentions juridiques, le texte propose un état des lieux de la situation. Il montre comment évolue cet « œcuménisme intraprotestant ». Il a été conçu pour « contribuer à nourrir le dialogue dans les régions et au sein des paroisses et communautés ».
Un dialogue difficile
Dans ce texte, trois chapitres précisent plus particulièrement l'état du dialogue et les perceptions réciproques que nourrissent réformés et évangéliques :
- Ce qui unit. Jésus-Christ, Seigneur et Rédempteur, est central dans toutes les Eglises. La Bible l'est aussi, mais comme un texte auquel on se réfère – ce terme laissant de la place à des approches très différentes. Quant à « la joie d'appartenir à l’Eglise universelle du Christ », elle va à l'encontre des opinions selon lesquelles les communautés évangéliques seraient des sectes.
- Nos points de friction. Les Eglises reconnaissent des divergences dans leur compréhension de la Bible. Si le refus d'une interprétation littérale traverse toutes les tendances, la lecture évangélique de la Bible vise à nourrir une piété personnelle, alors que la lecture réformée met l'accent sur une approche historico-critique. Selon le texte, les réformés « entretiennent une relation plutôt distante avec la Bible ».
Une autre divergence apparaît dans l'administration des sacrements. Dans l’Eglise réformée, seules des personnes consacrées sont habilitées à dispenser le baptême, la cène, une confirmation, un mariage... Le texte juge que la pratique évangélique est différente et que « le lien entre attribution d’un ministère et accomplissement de sacrements ou d’actes cultuels est plus lâche ». Cela rend impossible une reconnaissance mutuelle en ce qui concerne la formation de pasteur.
Mais le sujet de discorde le plus important et le plus douloureux reste celui du baptême, même si toutes les communautés reconnaissent la légitimité d'un baptême d'adulte et celle d'un baptême d'enfant. Le texte marque l'incompréhension des Eglises réformées à l'égard de communautés évangéliques qui pratiquent le « rebaptême », tout en reconnaissent le caractère unique de celui-ci.
- Ce à quoi nous nous engageons. Il fallait s'y attendre, le baptême figure en bonne place des engagements souhaités. Les différentes Eglises s'engagent ainsi à rappeler son caractère unique et à renoncer à ce que le texte appelle le « rebaptême ».
Parmi les autres engagements figure celui de « s’abstenir de toute tentative de détournement des membres actifs de la paroisse ou de la communauté » et aussi celui de « diffuser envers le public une image équilibrée de la diversité protestante ».
Claude-Alain Baehler
La brochure de 15 pages « Eglise nationale réformée évangélique et communautés évangéliques : vers un témoignage commun » peut être commandée auprès des Services centraux de l'Eglise réformée Berne-Jura-Soleure, courriel : zd@refbejuso.ch.
Elle peut également être téléchargée sur le site de l'Eglise réformée Berne-Jura-Soleure.
Notes
(1) Le titre allemand du document est : « Unterwegs zum gemeinsamen Zeugnis – evangelisch-reformierte Landeskirche und evangelische Gemeinschaften. Was uns eint – wo wir uns reiben – wozu wir uns verpflichten ».
(2) FEPS : Fédération des Eglises protestantes de Suisse. La Fédération romande d’Eglises et œuvres évangéliques (FREOE) était une plate-forme de dialogue qui a fusionné en 2006 avec l'Alliance évangélique romande, afin de donner naissance au Réseau évangélique suisse (RES).