Dans « Les Chroniques de Narnia », le monde imaginaire que nous découvrons s’articule autour de présupposés chrétiens. Un monde, parfait à l’origine, est devenu l’otage d’une personne malveillante et de ses armées. Le roi légitime, en exil, revient pour un ultime combat. Afin de sauver la vie de l’un de ses amis, ce roi endosse la peine que devait subir cet ami. Après sa mort, ce roi ressuscite mystérieusement et le Royaume de Narnia retrouve son harmonie originelle.
Fasciné par le monde du fond de l’armoire
Ma première expérience avec la littérature de C. S. Lewis remonte à l’enfance. Un livre, plus que d’autres, m’a laissé une empreinte un peu confuse de nostalgie, d’inquiétude et de réconfort. Je devais avoir dans les 11 ans et j’étais fasciné par les tribulations de trois enfants, qui découvrent un pays fantastique, caché dans une vieille armoire !
Longtemps après la lecture de « L’Armoire magique », un second ouvrage m’a marqué : « Tactique du diable » ! Je venais de vivre une conversion bouleversante. Mes valeurs et mes projets de vie étaient bouleversés. Un ami m’offrit alors ce petit ouvrage qui met en scène un diablotin chargé par son oncle démoniaque d’empêcher, mais en vain, un homme de se convertir à la foi en Jésus-Christ. Le nom de l’auteur ne m’était pas inconnu, mais c’est après plusieurs années que je fis enfin le lien entre ces deux livres. Passionné d’apologétique, je cumulais les titres évocateurs tels « Dieu au banc des accusés », « Le Grand Divorce », « L’Abolition de l’homme », « Le Problème de la souffrance », « Les Fondements du christianisme », tous du même Clive Staple Lewis !
Entre défense de la foi chrétienne et littérature fantastique
Qui donc est cet homme ? Un écrivain brillant, esprit logique, original et pénétrant, formé par des précepteurs loin de l’école publique ! Lewis est né en 1898 à Belfast. Il enseigne la littérature médiévale à Oxford puis à Cambridge. Depuis sa conversion en 1929, il occupe une partie de son temps d’écrivain à publier des ouvrages où il « vulgarise » le christianisme, pour en communiquer la substance… biblique, sans les particularismes de telle ou telle dénomination. Ce qui le fit apprécier dans les milieux évangéliques, quand bien même il était un membre fervent de l’Eglise anglicane !
On doit à Lewis plusieurs ouvrages fantastiques où l’on découvre des personnages mythiques, dans des mondes imaginaires (« Au-delà de la planète silencieuse », « Perelandra », « Cette hideuse puissance », édités aussi en un volume : « La Trilogie cosmique »). Lewis cherchait à toucher l’imaginaire de ses lecteurs, afin de réveiller en eux la nostalgie d’un monde différent, mais bien réel, qu’ils découvriraient finalement dans le christianisme.
Les sagas et les mythes en attente d’accomplissement
En fait, Lewis trouve son inspiration dans le domaine dont il est le spécialiste: la littérature médiévale, les sagas et les mythologies. Son esprit, fin et rigoureux, dénoue les mécanismes des symboles païens pour démontrer d’une part leurs limites, mais aussi pour amener ses lecteurs à l’intuition de l’Evangile. En mettant en scène des êtres fantastiques, Lewis essaie de « montrer dans quel sens le christianisme répond aux attentes du paganisme, ou dans quelle mesure le paganisme préfigure le christianisme » (« Surpris par la joie », p. 86). Ses fictions stimulent ainsi l’imagination, comme une fonction de l’âme dont se servirait l’Esprit Saint pour communiquer la réalité spirituelle.
Décédé en 1963, Lewis laisse derrière lui une bibliographie importante, que Leanne Payne a tenté de synthétiser dans : « Présence Réelle, la vision chrétienne du monde dans la pensée et l’imaginaire de Lewis ». Elle nous guide à travers des ouvrages que l’on connaît. Mais elle bénéficie aussi de l’abondante correspondance de Lewis dont elle a elle-même établi le catalogue dans le cadre de ses recherches au Wheaton College (Etats-Unis). Au final, elle nous propose une passionnante introduction à l’œuvre chrétienne de Lewis, dans laquelle s’inscrivent « Les Chroniques de Narnia ».
Poursuivre dans le monde de Lewis après le film
Le 21 décembre, « Le lion, la sorcière blanche e l’armoire magique » sortira en Suisse romande sur grand écran. Si le virus vous prend, après le film, n’hésitez pas à lire les sept volumes des Chroniques. Puis essayez de découvrir l’auteur, Lewis lui-même, dans son autobiographie « Surpris par la Joie ». Ensuite procurez-vous « Présence réelle » de Leanne Payne, pour un survol de son oeuvre. Enfin, faites-vous plaisir en plongeant dans l’un ou l’autre de ses récits fantastiques. Vous êtes plutôt touchés par l’humour, alors lisez « Tactique du Diable ». Vous souhaiteriez quelque chose d’un peu plus sérieux, alors pourquoi pas « Le Grand Divorce ». Si vous souhaitez dévorez un livre franchement hors du commun, alors ne manquez pas « La Trilogie cosmique ».
Vous lirez aussi avec profit « Les Fondements du christianisme ». Vous pourrez ainsi offrir ce livre à des amis qui auront apprécié le film sur Narnia. Dans un langage moins imagé, mais toujours fin et original, Lewis y explique ce que croient les chrétiens, leur comportement et certaines implications de la foi en la Trinité. Enfin pour approfondir votre vie de prière, vous vous procurerez « Les lettres à Malcolm », une correspondance avec un ami imaginaire, au sujet des problèmes que peut poser la prière.
Olivier Fasel