« Je suis bouleversé d’avoir participé à cette mise en scène haut en couleur ! » Olivier Schwab vient de quitter la pelouse du Parc St-Jacques de Bâle. Il a participé au défilé de quelque 3000 drapeaux sur la pelouse de ce fameux stade de foot. Ce défilé constituait l’événement fort de la sixième édition du « Jour du Christ », un grand rassemblement de 40’000 protestants, issus des Eglises évangéliques et réformées de Suisse.
Olivier Schwab préside le Conseil communal du village de Begnins. Avec 2800 autres porteurs de drapeaux, ce membre de l’Eglise évangélique « L’Arc-en-ciel » à Gland a permis de dessiner la croix du Christ sur la pelouse du Parc St-Jacques. Au centre de cette croix, les porteurs de drapeaux communaux ont ensuite accueilli plus d’une centaine de bannières, représentants les pays d’origine des étrangers qui habitent la Suisse. Une prière a ensuite clos ce moment fort du Jour du Christ. « La Suisse est une terre d’accueil et c’est une excellente chose de nous le rappeler chaque jour dans nos contacts avec les étrangers qui habitent notre pays! », commente Olivier Schwab.
Des drapeaux utilisés à titre personnel
« Après quelques tentatives d’explication un peu difficiles, nous avons renoncé à informer toutes les communes de Suisse de notre initiative, explique Hanspeter Nüesch, le coordinateur du programme du Jour du Christ. Nous souhaitions éviter les mécompréhensions. » En fait, les porteurs de drapeaux sont venus à titre personnel. Ils s’engagent à prendre contact avec les autorités des communes après la manifestation. Ils leur proposeront de prier pour les besoins de la commune dont ils auront porté le drapeau. Le coordinateur du programme de cette grande manifestation protestante considère que ce défilé de drapeaux pourrait être interprété comme une manifestation patriotique de droite. Au vu de l’intégration de la centaine de drapeaux étrangers, on pourrait penser qu’il s’agit d’une prise de position de gauche... « Le Jour du Christ n’est ni l’un ni l’autre. Cette édition voulait encourager les protestants de Suisse à la prière et à l’action solidaire en faveur de leurs prochains », ajoute Hanspeter Nüesch.
Comme plusieurs autres porteurs de drapeau, Olivier Schwab a informé la municipalité de Begnins de sa démarche. « Par souci de transparence », explique-t-il. L’accueil a été plutôt mitigé. La municipalité en a discuté. Elle a « pris note de l’initiative» sans souhaiter se prononcer sur la démarche, Dans ce village où les gens se connaissent de près, il ne s’agit pas de faire de cet usage du drapeau un « casus belli ». Mais, manifestement, la démarche a dérangé. L’un des municipaux interrogés relève qu’il ne lui viendrait pas à l’idée d’arborer le drapeau de Begnins lors du défilé du 1er mai. Un autre réaffirme un attachement vigoureux à une claire séparation des affaires religieuses et de l’Etat.
Envoyé par la paroisse
Du côté de la Paroisse réformée de Begnins, l’accueil de la démarche a été plus compréhensif. Le pasteur Bertrand de Felice, dans l’impossibilité de se rendre à Bâle à cause d’une fête paroissiale, a organisé le 6 juin un culte d’envoi des différents porteurs de drapeau de sa région. « Ce culte a été l’occasion de prier pour eux et d’entendre leurs motivations », explique-t-il. Bertrand de Felice compte sur quelques retours. Il espère que les porteurs de sa région deviendront des moteurs pour des groupes de prière qui rassembleront bien au-delà des seuls cercles protestants. « Ces groupes permettront peut-être à des chrétiens de la région, issus de tous les bords ecclésiastiques, ainsi qu’à des personnes ouvertes aux questions spirituelles, de se retrouver pour prier et porter les détresses de leurs voisins. »
Serge Carrel
(Cet article est paru dans le journal Vivre de juillet-août 2004)