La Tunisie est le premier pays arabe à avoir chassé son dictateur en début d’année dernière, le 14 janvier 2011. Sur fond de crise économique, avec un taux de chômage qui atteint près de 20% de la population, les femmes de ce pays élèvent aujourd’hui leurs voix. Leurs buts : défendre leurs acquis et ne pas être exclues de la société postrévolutionnaire, que ce soit sur le plan politique, économique ou juridique.
Une liberté de parole nouvelle, y compris du côté des femmes
Si la révolution a libéré leur parole, celle-ci sera-t-elle écoutée ? Le doute subsiste, pour plusieurs raisons. D’une part, la société tunisienne a toujours connu une certaine mentalité patriarcale, qui semble d’ailleurs ne pas fléchir en ces temps de changement. D’autre part, la levée des restrictions sur la présence du religieux dans la sphère publique a pour effet un retour en force des valeurs et des revendications islamiques – le succès du mouvement Ennahda aux législatives en est l’exemple le plus parlant, puisqu’il est devenu la première force politique du pays.
Témoignages de Tunisiennes
Devant la renaissance de visions islamistes conservatrices et radicales, l’heure est à la mobilisation et à la vigilance pour les plus progressistes et indépendantes des femmes tunisiennes. D’autres femmes disent au contraire se réjouir de ce retour du religieux, puisqu’elles sont libres aujourd’hui de porter le voile sans craindre d’oppression.
De retour de Tunisie, Gabrielle Desarzens propose une série de témoignages et de reportages dans lesquels elle donne la parole à ces femmes tunisiennes : Narjess Loukil de la Ligue des Electrices Tunisiennes, Chema Gargouri de Tunisian Association and Social Stability, Radhia Nasraoui de l’Organisation contre la torture en Tunisie… et une Suissesse chrétienne expatriée depuis 30 ans en Tunisie. Elles expriment la diversité des points de vue et des ancrages sociaux et religieux.