Voilà bientôt 6 mois que nous sommes entrés de plein fouet dans la crise du coronavirus. Semi-confinement, fermeture des écoles et des Eglises (de fait), soins intensifs à la limite de leurs capacités, des dizaines de morts par jour… Il a fallu accuser le coup ! Et les Eglises ont non seulement tenu bon, mais ont aussi pu manifester leur vocation autour d’elles, par la solidarité, le service, le soutien, etc. Et elles ont remarquablement appliqué les consignes de protection, ce qui leur a permis d’éviter, Dieu merci, de devenir des foyers d’infection.
Mais, voilà que la rentrée s’annonce compliquée : le fossé se creuse, me semble-t-il, entre d’un côté les tenants d’une approche sanitairement très stricte qui souhaitent rester « au pied de la lettre » et de l'autre côté un mouvement de méfiance, voire de défiance ouverte, envers l’Etat et les mesures sanitaires qui sont jugées disproportionnées voire inutiles, parfois sur fond de complotisme.
Besoin de sécurité contre besoin de liberté ? Ou besoin de vivre ?
Entre risque zéro et laisser-aller, il s’agit de trouver une voie médiane… Entre ces deux injonctions contradictoires, il me semble que le besoin actuellement le plus urgent est celui… de vivre !
Et particulièrement de (re-)vivre la communauté. Est-il utile de rappeler que cela est tout à fait possible dans les circonstances actuelles? Que ce soit en espaçant les chaises ou alors en portant tous le masque, les rencontres sont non seulement permises, mais tout à fait souhaitables. Parce qu’elles sont constitutives du vécu de notre foi. Que ce soit dans la salle de culte ou dans les groupes de maison, l’apport de l’échange direct (de nouvelles, d’idées, d’entraide, de prière) est irremplaçable. Cela n'implique pas qu'il faille arrêter la diffusion en ligne (streaming) de nos cultes, car tous ne peuvent pas forcément participer à un rassemblement, mais privilégier son utilisation en groupe de maison par exemple.
Vivre, c’est aussi sortir consciemment de l’urgence. Nous avons vécu, je le disais, une véritable série de chocs au fur et à mesures des annonces du gouvernement et des restrictions qui ont suivi. Cela nous a placés dans un état de survie, ou en tout cas de vigilance accrue. Or, cet état ne peut pas être maintenu très longtemps… Nous devons sortir de l’urgence, parce que le Coronavirus est encore là pour bien quelques mois. Nous devons nous réhabituer à vivre ce qui est possible de vivre, en Eglise notamment, et ne pas nous maintenir dans une forme de retenue, d’attente que ça soit fini ou de peur déraisonnable. Parce qu’alors, rien n’aura vraiment de saveur, de force, et nous risquons l’épuisement ou la lassitude. Il est essentiel de refaire des projets, de lancer des idées nouvelles, de se revoir de manière différente…
Quand le confort nous trompe
Cet élan de vie devrait aussi avoir pour vertu de nous arracher des facilités que nous avons connues durant le semi-confinement : qui n’a pas trouvé pratique et confortable de pouvoir suivre un culte en ligne, à peine levé et en train de finir son café, ou alors à l’heure qui lui convient (ou si on a un moment…) ? J’avoue que je me le suis dit ! Le fait de ne plus nous rencontrer a même été, pour certains, un soulagement. Cela peut se comprendre, mais doit aussi nous interpeller : quel est l’état de nos relations fraternelles si le fait de les mettre en veille nous soulage à ce point ? Quoi qu’il en soit, le risque existe qu’au moment où les rencontres peuvent reprendre, nous nous trouvions comme happés par l’envie de confort qui s’est immiscée discrètement en nous.
Et comme avec toutes les zones de confort, quelque chose crie en nous qu’il ne faut pas en sortir… Le monde à l’extérieur serait dangereux et inconfortable ! Or, nous savons que c’est faux. Sortir de notre zone de confort est souvent la meilleure chose qui peut nous arriver ! Et cela est entièrement vrai lorsqu’il s’agit de renouer avec la rencontre « en présentiel » de nos frères et sœurs : « Ah, qu’il est doux », nous rappelle le Psaume… Mais cela ne devrait pas nous épargner la réflexion : de quoi avons-nous été soulagés et comment changer nos relations pour défaire durablement ces tensions qui ont été temporairement soulagées...
Bonne rentrée!
Alors, que ce soit lors du prochain culte, de la prochaine rencontre de groupe de maison, ou simplement derrière votre écran, toute l'équipe de la FREE vous souhaite une bonne rentrée 2020! De bonnes choses nous attendent dans ce deuxième semestre!