mercredi, 13 janvier 2016 07:38

Vallorbe : Yvette Bourgeois quitte la présidence d’ARAVOH

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Elle a participé à la naissance de l’Association auprès des requérants d’asile de Vallorbe œcuménique et humanitaire (ARAVOH) il y a 15 ans. Après 7 ans de présidence, Yvette Bourgeois, membre de l'Eglise évangélique La Rencontre à Vallorbe, quitte une structure d’accueil qui s’appuie aujourd’hui sur une centaine de bénévoles sur trois sites.

« On a ouvert ARAVOH en novembre 2000, mais on avait commencé notre travail d’accueil une année auparavant. Le déclic ? C’est quand les autorités ont décidé le transfert du Centre d’enregistrement et de procédure (CEP) fédéral de Genève à Vallorbe : on a d’abord cru que c’était une blague... Puis on a ouvert cette structure pour être d’une part une porte ouverte aux requérants, et d’autre part une aide aux Vallorbiers : il fallait qu’ils acceptent que leur ville allait changer. » Yvette Bourgeois, 75 ans, membre de l'Eglise évangélique de Vallorbe (FREE), rappelle que les demandeurs d’asile étaient à l’époque considérés comme des choses, « avec un toit, un lit, une assiette par tête de pipe. Le côté humain n’était pas très présent ». Et que dans une petite ville où tout le monde se connaissait ou presque, la présence constante de nouvelles têtes sur les bancs publics n’allait pas être facile à vivre.

Dans des portakabins

Installée à ses débuts dans les locaux de la gare voyageurs, l’association a déménagé en 2011 dans des portakabins situés du côté des trains marchandises. « Il y a eu une année charnière, 2008, commente l’ancienne présidente. Une motion a alors été déposée pour ‘restituer’ la gare aux voyageurs, ce qui a occasionné toutes sortes de discussions entre nous, bénévoles, et le syndic. De fil en aiguille et après une visite de notre part au Château à Lausanne (le siège du gouvernement cantonal), on a commencé à travailler étroitement avec les autorités de la ville dans un esprit de reconnaissance réciproque », se félicite-t-elle.

Trois sites

D’une quinzaine de bénévoles à ses débuts, l’association en compte désormais une centaine, qui se répartissent aujourd’hui sur trois sites. Il y a toujours du personnel ARAVOH sur le quai numéro un de la gare de Vallorbe, mais aussi une permanence assurée par des bénévoles chaque matin à Lausanne, la capitale du canton de Vaud, pour aider les demandeurs d’asile à prendre la bonne correspondance pour leur lieu d’attribution. Et, enfin, des volontaires ont pris leur quartier dans une cabane au lieu-dit Les Rochats (VD), au-dessus de Concise, où une ancienne caserne militaire permet de désengorger le CEP de Vallorbe.

Enlever son « étiquette de chrétienne »

Avec les années, plusieurs ateliers et activités ont éclos. Comme des visites culturelles une fois par semaine, des activités pour enfants, des ateliers bijoux, un café internet tous les après-midis... Yvette peut partir tranquille : la structure s’est bien développée et fonctionne de façon optimale. « Une chose est sûre, glisse-t-elle encore : je m’étais dit au tout début que si je ne me joignais pas à l’équipe, je pouvais enlever mon étiquette de chrétienne ! »

Gabrielle Desarzens

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  • Encadré 1:

    ARAVOH : un spectacle pour ses 15 ans

    Des bénévoles d’ARAVOH ont monté un spectacle pour les 15 ans de la structure, avec l’aide et sous la direction du metteur en scène Cyril Maillefer. Des anecdotes tissent la trame de « Quai no 1 », la représentation qui se donne les 12, 13 et 14 février au Théâtre du Vide-Poche à Lausanne, le 3 mars au Cinéma de Sainte-Croix, le 18 mars au CICEROC à Chavornay, le 16 avril à Vallorbe, le 11 novembre aux Bioux.

    Infos : www.aravoh.ch.

  • Encadré 2:

    Un extrait du spectacle « Quai no 1 »

    « On me tape dans le dos, je me retourne et je vois une femme africaine enceinte avec un sac en bandouillère.

    — Where is it here ?
    — At the station.
    — Where is it here ?
    — Vallorbe’s station.
    — Where is Vallorbe ?
    — In Switzerland…
    — Netherland ?
    — No, Vallorbe in Switzerland !

    Je comprends que la femme devant moi ne sait pas du tout où elle est ! Elle ne connaît même pas l’existence de la Suisse. Elle attend depuis six heures l’homme qui l’a déposée dans la forêt, au-dessus du village. Il lui a demandé de l’attendre sur place pendant qu’il irait travailler à son bureau et rapporterait un peu de nourriture… Les heures passent. Elle ne le voit pas revenir. Elle s’inquiète, descend au village, s’adresse à une personne, puis à un policier. Tous les deux se retirent prétextant ne pas savoir l’anglais ! Elle arrive à la gare, il est huit heures du soir. Elle ne sait ni où elle est, ni où elle pourrait passer la nuit, ni qu’il y a un centre pour requérants à deux pas.

    Elle se met à pleurer. Il a gardé toutes ses affaires dans sa voiture, sa valise, son ordinateur, son argent, l’enjoignant de ne pas se charger puisqu’il allait revenir ! Reshane, un sac sur l’épaule, est devant moi, désemparée ! On lui a tout pris. Elle est enceinte ! Son mari, Erythréen aussi, l’a laissée partir du Caire, où ils ont séjourné plusieurs années, à cause de la naissance proche. Quand il aura trouvé assez d’argent, il la rejoindra… Rendez-vous en Europe ! Nous échangeons nos noms. Nous nous embrassons, puis nous nous quittons. Elle va au centre... elle viendra demain à notre accueil. »

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