Francine Buchmann vit depuis 23 ans en Haïti. A la tête de l’école l’Epi aux Gonaïves, elle passe par un temps de transition. Agée de 55 ans, elle partage depuis 2009 la direction de l’école qu’elle a fondée, avec un Haïtien : Robbins Acciméus. A l’avenir, elle envisage d’orienter différemment son engagement sur place. « Je vais moins m’occuper de l’école, explique-t-elle, et davantage développer de nouvelles activités. »
Des cours du soir pour la formation continue des enseignants
En octobre prochain, elle souhaite lancer des cours du soir qui feront office de formation continue des enseignants en français et en pédagogie. « Cette formation sera ouverte à tous les enseignants de la région des Gonaïves, ajoute-t-elle. Nos enseignants, dans notre école mais aussi dans les autres écoles de la ville, ont besoin de développer leurs compétences en français. Sur place, on a en effet l’impression que la maîtrise de la langue de Voltaire est de plus en plus négligée au profit du créole, alors qu’une bonne maîtrise du français est un véritable gage d’avenir professionnel. »
Développer l’offre en activités parascolaires
Le second axe que Francine Buchmann aimerait développer en lien avec l’Epi, ce sont les activités parascolaires, quasi inexistantes dans la ville des Gonaïves, notamment durant les vacances estivales. « Cet été, nous aimerions commencer modestement avec deux semaines de ce que nous appelons en Haïti les ‘camps de jour’. » La mise sur pied de ces activités pour enfants a été possible grâce à la venue sur place l’an dernier d’un groupe d’une Eglise évangélique d’Albi. Dix-huit personnes entre 19 et 60 ans ont proposé une formation au travail parmi la jeunesse, appelée BAFA en France, à une douzaine de Haïtiens. « Cet été, nous espérons étoffer ce groupe d’animateurs, ce qui pourrait nous permettre durant les prochaines années d’offrir davantage de camps de jour aux enfants de notre région. »
Une petite maison pour ses vieux jours
Voilà 18 ans que Francine Buchmann a fondé l’école l’Epi aux Gonaïves. Elle est passée par tous les malheurs qui se sont abattus sur cette région : cyclones, tremblement de terre, crise économique… Et elle a le désir de finir sa vie sur place. « Vu que ma fille adoptive s’est mariée en Haïti, je n’envisage pas de revenir en Suisse, lâche-t-elle. A moins que Dieu me le demande expressément ou en décide autrement ! De plus, nombre de mes amis vivent sur place et nous constituons une sorte de famille aux Gonaïves. » De toute façon en Haïti, les gens ne prennent pas de retraite et continuent à être utiles jusqu’à leur décès, même s’ils ne font pas les choses au même rythme qu’avant.
Peu avant Pâques, alors qu’elle s’apprêtait à quitter Haïti pour venir en Suisse, Francine Buchmann a appris que le directeur de l’Epi envisageait de lui construire une petite maison. « De quoi me permettre d’être autonome, lorsque mes vieux jours seront venus ! », souligne-t-elle.
Serge Carrel
Le site de l’association « Les Amis de l’Epi en Haïti »