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Réouverture de trois églises en Algérie !

vendredi 15 juin 2018

Trois églises situées à Oran, à Ain Turk et à Layaida ont pu rouvrir leurs portes, a-t-on appris jeudi 14 juin dans les colonnes de la Dépêche de Kabylie. Elles avaient été fermées par le gouvernement entre novembre 2017 et février 2018.

« Nous nous réjouissons de cette réouverture sans conditions de nos lieux de culte », a déclaré Mahmoud Haddad, président de l’Eglise protestante d’Algérie (EPA). Pour rappel, les églises avaient été mises sous scellés respectivement le 9 novembre 2017 et le 27 février 2018.

Aucune raison évoquée

Vers 13 heures le 10 juin, Rachid Seghir, pasteur à l'église d'Oran, a reçu un appel inattendu lui demandant de se rendre au commissariat le plus vite possible, indique l’ONG Portes Ouvertes. Une fois sur place, un officier de police lui a tendu une notification à signer, sur laquelle était stipulé que le lieu de culte serait rouvert et que les services de l’État, dont la police, « travailleront à la mise en œuvre de cette décision ». Quarante-cinq minutes plus tard, trois policiers sont arrivés et ont enlevé les scellés de la porte principale, sans rien dire. Comme lors de la fermeture, aucune raison n'a été évoquée. Deux autres notifications de réouverture ont également été envoyées pour les églises d'Ain Turk (30 km à l'ouest d'Oran) et de Layaida (35 km à l'est d'Oran).

Dans un communiqué du 12 juin, l’EPA a exprimé sa gratitude envers tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, ont rendu tout cela possible. Mais elle a condamné la décision initiale et déploré la fermeture toujours en vigueur d'églises en Kabylie.

Le mouvement évangélique épinglé

La récente fermeture de certaines églises en Algérie est une réponse à la « recrudescence du courant évangéliste », a pour sa part exprimé le ministre des Affaires religieuses Mohamed Aissa, en marge du Prix international de récitation, de psalmodie et d'exégèse du Coran à Alger. D’après lui, l’Algérie garantit la liberté religieuse, pourvu que les Eglises se conforment à la loi de 2006 qui réprime toute démarche visant à « ébranler la foi d’un musulman ». Interrogé sur les récentes mises sous scellés, le ministre a relativisé leur portée : « Ce qui a été fermé, ce sont des établissements éducatifs, des logements ou des locaux commerciaux transformés unilatéralement par certaines associations en lieux de culte et non pas des églises au sens de la loi », a-t-il dit.

Gabrielle Desarzens